Comprendre le risque de chute pour mieux agir
- Des chiffres qui donnent à réfléchir : Les chutes sont responsables de plus de 100 000 hospitalisations chaque année en France chez les plus de 65 ans (Inserm, 2023). Chez les personnes malades, le risque augmente aussi : fatigue, traitement, perte de sensation, troubles de l’équilibre, etc.
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Facteurs favorisant :
- Affaiblissement musculaire après un traitement ou une longue hospitalisation
- Effets secondaires de certains médicaments (hypotension, somnolence, vertiges)
- Problèmes de vue ou d’audition
- Mauvaise adaptation de l’habitat aux nouvelles capacités de la personne
- L’impact psychologique : La peur de tomber peut instaurer un cercle vicieux : on limite ses déplacements, rompt le lien social, entretient la fonte musculaire et la dépendance.
Identifier les zones à risque dans chaque pièce
Toutes les pièces de la maison ne se valent pas face au risque de chute. Un passage étroit, un tapis non fixé ou un fil qui traîne : ces petits riens peuvent être lourds de conséquences.
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Les escaliers :
- Mains courantes absentes ou mal fixées
- Manque d’éclairage, marches glissantes ou irrégulières
- Objets rangés sur les marches ou mitoyens
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La salle de bain et les WC :
- Sol mouillé ou savonneux
- Pieds nus sur carreaux froids : glissade assurée
- Manque de barres d’appui ou de siège de douche
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Le salon et la chambre :
- Tapis qui se soulèvent sur les coins
- Meubles trop bas ou trop hauts, ou placés sur le passage
- Chemins encombrés, fils électriques mal rangés
Adopter des aménagements concrets et malins
Un chemin de circulation dégagé
Libérez un chemin évident entre chaque pièce : du lit à la salle de bains, vers la cuisine, vers le fauteuil préféré… Il faut pouvoir circuler sans obstacle, même en cas de fatigue ou avec une aide à la marche.
- Rangez les objets au sol (jouets, revues, chaussures)
- Réorganisez les meubles pour élargir la circulation
Éclairage adapté : voir pour éviter
- Installez des veilleuses dans le couloir, la chambre, et les toilettes pour éviter les zones d’ombre la nuit.
- Optez pour des ampoules LED puissantes mais non éblouissantes, et des interrupteurs facilement accessibles (à hauteur de main, si possible visibles la nuit).
- Pensez à l’éclairage automatique : des détecteurs de mouvement facilitent la vie, notamment quand les mains sont prises ou si les réflexes diminuent.
Adapter les sols et supprimer les pièges invisibles
- Fixez, ou mieux, retirez les tapis qui peuvent glisser ou se corner (60 % des chutes dans le salon sont dues aux objets au sol – source Ameli.fr).
- Utilisez des bandes antidérapantes sur les marches d’escalier ou dans la douche / baignoire.
- Séchez aussitôt toute trace d’eau ou de savon.
Matériel d’aide à la mobilité : s’équiper sans tout révolutionner
- Barres d’appui : près des WC, dans la douche, à l’entrée/sortie du lit.
- Siège de douche antidérapant : permet de se laver sans se fatiguer et de limiter le risque de glissade.
- Canne ou déambulateur : à utiliser pour les trajets un peu longs.
- Rehausseur de toilette : utile pour se relever sans aide et éviter une perte d’équilibre.
- Privilégiez toujours un matériel homologué CE/FDA, et demandez conseil à l’infirmière coordinatrice ou au médecin pour adapter l’équipement à la situation.
Les bons réflexes à encourager chaque jour
Un environnement sécurisé, c’est bien — mais adopter de nouveaux réflexes aide à rester confiant au fil du temps.
- Porter des chaussures adéquates : Bannissez chaussettes, pantoufles souples qui glissent. Préférez des chaussures fermées, stables, à semelles antidérapantes (82 % des chutes à domicile auraient pu être évitées avec des chaussures adaptées – source Assurance Maladie, 2022).
- Se lever doucement : Après une position allongée, attendez quelques secondes assis au bord du lit avant de vous lever : cela laisse le temps au corps de s’adapter, notamment si la tension varie.
- Utiliser les aides techniques correctement : Si une canne ou un déambulateur est conseillé, il ne doit pas rester dans un coin ; faites-en un réflexe, même sur de courtes distances, jusqu’à retrouver confiance.
- Demander de l’aide si besoin : Ce n’est pas un signe de faiblesse mais de prévoyance. Mieux vaut prévenir qu’agir dans l’urgence.
Quand la prévention passe aussi par la santé
Sécuriser la maison, c’est important, mais la prévention des chutes passe aussi par le suivi médical et l’entretien du corps.
- Bien voir pour mieux anticiper : Un contrôle ophtalmologique annuel permet d’actualiser la correction, d’adapter l’éclairage, voire d’envisager des traitements si besoin. Selon l’Institut Vision, 40 % des chutes après 70 ans seraient liées à un trouble visuel.
- Créer ou conserver de la force musculaire : Des exercices de renforcement doux (montée de marches, équilibre sur un pied, gymnastique adaptée) ralentissent la perte musculaire. Une à deux séances par semaine suffisent pour faire la différence : d’après l’OMS, la pratique régulière d’activité physique réduit de 30% le risque de chute chez les personnes âgées.
- Revoir les traitements : Certains médicaments favorisent l’hypotension ou la somnolence. Faites régulièrement le point avec le médecin pour adapter les prescriptions.
Conseils personnalisés : impliquer l’entourage pour avancer ensemble
On se sent parfois seul face à cette surveillance constante, en tant qu’aidant. Or, l’observation de la vie de la personne à domicile, — ses habitudes, ses petits gestes quotidiens, sa manière de contourner une table ou de monter les marches — renseigne beaucoup sur les risques spécifiques pour elle.
- N’hésitez pas à demander conseil : à l’infirmière coordinatrice, à l’ergothérapeute, au médecin généraliste : chacun peut proposer une évaluation à domicile pour recommander des améliorations ciblées.
- Filmez, si possible, (avec le consentement de la personne) un déplacement de la chambre à la salle de bains pour montrer aux professionnels les difficultés rencontrées et ainsi prioriser les aménagements.
- Soyez attentif au discours de la personne : certaines phrases (« je n’arrive plus à me lever », « je n’ose plus prendre ma douche ») signalent des freins qui méritent une revalorisation du matériel ou du rythme quotidien.
Pour aller plus loin… ouvrir la maison, garder la vie
Limiter le risque de chute, c’est bien plus que sécuriser les déplacements à la maison. C’est accompagner la personne (et toute la famille) à retrouver confiance, à réapprendre à faire chaque geste autrement, voire à accepter une aide extérieure (service d’aide à domicile, passage d’un kiné à la maison, téléassistance).
- Privilégier l’autonomie, pas l’isolement : maintenir les activités habituelles, recevoir des proches, continuer à cuisiner, sortir, même un peu – tout cela participe à la stimulation et au maintien de l’équilibre.
- Rappelez-vous : chaque adaptation est un pas vers plus de sécurité et de sérénité pour tous.
- Des structures comme l’association "Prévention Chute" ou les réseaux gérontologiques locaux proposent brochures, formations, visites à domicile et informations (voir leur site pour en savoir plus).
Sécuriser la maison, c’est offrir un vrai cadeau : permettre de continuer à vivre chez soi, longtemps et le plus sereinement possible.