Pourquoi faire évaluer les besoins d’adaptation du logement ?
Selon l’INCa (Institut National du Cancer), 70 % des patients souhaitent pouvoir poursuivre leurs soins à domicile [référence]. Mais le retour à la maison ne va pas de soi : la fatigue, les traitements, la perte d’autonomie (même passagère) peuvent transformer le quotidien et rendre certains gestes difficiles, voire impossibles.
- Prévenir les chutes : Elles représentent 40 % des accidents domestiques chez les plus de 65 ans (source : Santé Publique France).
- Soutenir la reprise d’autonomie : Mieux vaut parfois une poignée supplémentaire ou une marche abaissée que de multiplier les aides humaines.
- Soulager les proches aidants en limitant la manutention et la fatigue physique.
- Éviter les dépenses inutiles : Certains équipements ou travaux peuvent être évités ou adaptés différemment lorsqu’ils ont été pensés avec un professionnel.
À quels professionnels s’adresser ?
Plusieurs acteurs, parfois méconnus, sont spécifiquement formés pour évaluer les besoins en aménagements du domicile, en tenant compte de la pathologie, des limitations précises et de l’environnement de vie.
Les ergothérapeutes : experts de l’adaptation du logement
L’ergothérapeute est, en France, la référence numéro un pour évaluer concrètement le logement d’une personne malade ou handicapée. Son rôle ? Repérer chaque obstacle potentiel dans la vie de tous les jours (toilettes, portes, accès au lit, escaliers, salle de bains…) et proposer des solutions sur mesure :
- Préconisations d'équipements (barres d’appui, sièges de douche, rampes, etc.)
- Conseils de réagencement des meubles ou des espaces
- Identification d’aménagements structurels nécessaires (douche à l’italienne, élargissement de porte, etc.)
L’ergothérapeute peut intervenir au domicile, souvent sur prescription médicale. Dans certaines régions, leur venue peut être financée par la sécurité sociale ou par des dispositifs d’aides (notamment dans les réseaux de santé). Leur expertise est aujourd’hui recommandée dans tous les plans de maintien à domicile (source : CNSA).
Les équipes médico-sociales du conseil départemental
Les Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH) coordonnent l’évaluation des besoins des adultes qui perdent de l’autonomie à la suite d’un cancer ou de ses traitements. Les équipes pluridisciplinaires, composées notamment d’assistantes sociales, de médecins, voire d’ergothérapeutes, peuvent être sollicitées directement.
- Un dossier MDPH ouvre droit à la Prestation de Compensation du Handicap (PCH), qui prévoit systématiquement une évaluation des besoins pour toute demande d’aménagement du logement.
- Bon à savoir : Plus de 110 000 demandes d’aides pour l’aménagement du logement sont déposées chaque année auprès des MDPH (source : CNSA).
Les réseaux de santé, HAD et dispositifs d’appui à la coordination
Au-delà des professionnels classiques, certains dispositifs proposent un accompagnement coordonné :
- Les réseaux de santé de cancérologie réunissent infirmiers, travailleurs sociaux, psychologues et ergothérapeutes.Ils peuvent organiser une visite d’évaluation à domicile.
- L’Hospitalisation À Domicile (HAD) : soumise à prescription, l’HAD peut intégrer une évaluation globale, y compris environnementale, via ses équipes.
- Les DACS (Dispositifs d’Appui à la Coordination des Soins) et les PTS (Plateformes Territoriales d’Appui) sont présents sur tout le territoire et orientent vers les bons interlocuteurs.
Ces acteurs agissent en transversalité avec les services sociaux : n’hésitez pas à demander à votre infirmière coordinatrice ou au médecin d’orienter vers ces structures.
Les organismes spécialisés dans l’accompagnement à domicile
Plusieurs associations et organismes publics, notamment l’ANAH (Agence Nationale de l’Habitat), proposent un accompagnement personnalisé allant de l’information à la mise en œuvre des travaux, en passant par l’évaluation. Parmi les acteurs clés à connaître :
- Les Centres Locaux d’Information et de Coordination (CLIC) : soutien aux personnes âgées et à leur entourage, conseils sur le financement, orientation vers les bons intervenants.
- Les plateformes téléphoniques et sites d’information : l’association Soliha, la plateforme MaPrimeAdapt’ (depuis 2024), ou les espaces Autonomie de certaines villes proposent un accompagnement et parfois des visites à domicile avec un ergothérapeute.
D’après l’ANAH, plus de 40 000 logements sont adaptés chaque année grâce à leurs dispositifs .
Étapes pratiques pour faire évaluer les besoins de son logement
Aller étape par étape évite bien des écueils. Voici un schéma type pour accompagner votre démarche.
- Informer l’équipe médicale de la volonté d’adapter le domicile (infirmière, médecin traitant, oncologue).
- Demander une prescription médicale pour évaluation par un ergothérapeute lorsque la situation le justifie (perte d’autonomie, troubles moteurs...).
- Prendre contact avec un organisme spécialisé (CLIC, espace Autonomie, MDPH, réseau de santé) pour organiser la visite d’évaluation.
- Participer à la visite d’évaluation à domicile : c’est un moment clé où la personne malade, les proches et le professionnel analysent chaque pièce et chaque usage quotidien.
- Recevoir un compte rendu qui détaille les aménagements à envisager, classés par priorité.
- Solliciter les aides financières adaptées (voir ci-dessous).
- Faire le point régulièrement sur les besoins, qui évoluent avec la maladie.
Comprendre l’intérêt d’une visite d’évaluation
Qu’apporte réellement une visite à domicile ? Tout d’abord un œil extérieur. Il n’est pas rare, par exemple, que la personne qui vit dans le logement ne perçoive plus certains dangers (un passage encombré, des tapis glissants, une baignoire trop haute…). L’évaluation croisée entre les besoins exprimés et les solutions existantes limite les erreurs : inutile d’installer un monte-escalier à grands frais si l’usage d’une chambre en rez-de-chaussée est envisageable à peu de coûts.
Plus de 50 % des personnes âgées de plus de 75 ans vivent dans des logements qui n’étaient pas adaptés le jour où la dépendance s’est installée (source : Ministère de la Santé, 2023).
Les points analysés lors d’une visite
- L’accès au logement (marche, rampe, interphone…)
- Les circulations intérieures (portes, seuils, couloirs...)
- Le mobilier et l’agencement (lit, fauteuil, cuisine...)
- La sécurité dans la salle de bain (douche, baignoire, WC...)
- L’éclairage et la prévention des chutes
- L’accès au téléphone ou au système d’alerte
Quelles aides financières mobiliser pour l’évaluation et les travaux ?
Le coût de l’adaptation du domicile est souvent une source d’inquiétude supplémentaire. Heureusement, il existe de nombreux dispositifs pour alléger cette charge, parfois même dès l’étape d’évaluation.
- Prestation de Compensation du Handicap (PCH) : pour toute personne en situation de handicap, quel qu’en soit l’âge, incluant le cancer, elle prend en charge certains frais d’évaluation et d’aménagement.
- Allocation personnalisée d’autonomie (APA) : pour les personnes âgées, elle peut couvrir une partie des dépenses d’équipement.
- MaPrimeAdapt’ (2024) : un nouveau dispositif de l’État pour financer jusqu’à 70 % du montant total des travaux, sous conditions de ressources [ANAH].
- L’aide de l’ANAH (Agence Nationale de l’Habitat) : jusqu’à 25 000 € d’aide pour adapter le logement, sous conditions .
- La plupart des complémentaires santé et mutuelles proposent aujourd’hui des forfaits « Bien vieillir chez soi » incluant parfois la première visite d’ergothérapeute.
- Les caisses de retraite (CNAV, RSI, MSA, etc.) disposent aussi de dispositifs spécifiques pour l’adaptation de l’habitat.
Les services sociaux des hôpitaux ou les assistantes sociales des CLIC sont là pour accompagner, monter les dossiers et orienter vers les dispositifs adaptés.
Questions fréquentes des familles sur l’adaptation du logement
- Faut-il l’accord du propriétaire pour faire des travaux ? Oui pour toute modification structurelle. Une simple autorisation écrite peut suffire, il est indispensable d’informer le bailleur social ou privé pour toute adaptation lourde.
- Combien de temps prévoir pour la visite d’évaluation ? En général, une à deux heures, selon la taille du logement et la complexité de la situation.
- Peut-on solliciter plusieurs types d’aides ? Oui, la plupart des dispositifs sont cumulables. Une évaluation ciblée permet de monter des dossiers solides. Pensez aussi aux fondations et associations spécifiques à la pathologie.
- Y a-t-il des solutions temporaires ? Oui, de nombreux équipements d’aide peuvent être loués à la semaine ou au mois (barres d’appui, lits médicalisés, etc.), le temps d’un traitement ou d’une convalescence.
- Que faire face à un refus d’aide ? L’assistante sociale ou les plateformes départementales peuvent aider à formuler un recours et à réévaluer la situation.
Pour aller plus loin : L’adaptation du logement, un levier d’autonomie et de dignité
Adapter son environnement n’est jamais anodin, ni sur le plan financier ni sur le plan psychologique : il s’agit avant tout de préserver la possibilité de rester chez soi, là où la personne malade trouve ses repères, son intimité et, souvent, une certaine paix.
Car derrière chaque démarche d’évaluation, il s’agit d’affirmer ce droit fondamental : vivre chez soi, en sécurité et avec dignité, quel que soit l’aléa de santé. Les dispositifs sont nombreux, parfois complexes, mais ils existent pour soutenir chaque étape du parcours.
N’hésitez pas à solliciter les professionnels, leur expertise et leur regard bienveillant aident à transformer le domicile en véritable lieu de soin et de vie.
- Sources principales :
- Institut National du Cancer (e-cancer.fr)
- CNSA, ANAH, Ministère de la Santé
- Service-public.fr, Santé Publique France
- https://maprimeadapt.gouv.fr/