S’adapter à chaque situation : pourquoi équiper son domicile ?

L’impact des traitements (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie) varie selon les patients. Fatigue intense, perte de mobilité, douleurs, déficit immunitaire : chaque situation nécessite une adaptation personnalisée. Selon le rapport de l’Institut national du cancer (INCa), plus de 450 000 personnes rentrent chez elles chaque année après un cancer. Parmi elles, près de 40% ont recours à un équipement médical ou une aide spécifique dans les premiers mois (Haute Autorité de Santé).

  • Prévenir les chutes et assurer la sécurité : affaiblissement musculaire, neuropathies, instabilité… Adapter son logement peut éviter bien des accidents domestiques.
  • Favoriser l’autonomie : les équipements facilitent les gestes du quotidien. Moins de dépendance, plus de confiance en soi.
  • Réduire l’isolement et la fatigue des aidants : faciliter les soins à domicile, alléger la charge physique et mentale des proches.

La chambre : lit médicalisé et aides à la mobilité

Le lit médicalisé : un atout pour le confort et les soins

Souvent, la fatigue et la difficulté à se relever rendent l’usage d’un lit traditionnel compliqué. Le lit médicalisé, réglable électriquement (hauteur, inclinaison), permet au patient de s’installer facilement et facilite le travail des soignants et des aidants lors des soins ou de la toilette. Il existe différents modèles (standard, avec potence, barrières, relève-buste). Selon la Fédération des équipements de santé, plus de 100 000 lits médicalisés sont délivrés chaque année en France.

  • Qui est concerné ? : patients avec risque de chute, douleurs, soins fréquents au lit ou mobilité réduite.
  • Astuce : un matelas à mémoire de forme ou un matelas anti-escarres peut compléter le lit pour prévenir les douleurs ou l’apparition de plaies.

Pour se déplacer en toute sécurité : fauteuil roulant, déambulateur et canne après cancer

Une opération, des traitements lourds, une faiblesse musculaire… beaucoup de personnes ont besoin d’aides à la marche transitoirement ou de façon durable.

  • Fauteuil roulant : manuel ou électrique, selon les capacités motrices. À prévoir si les déplacements sont difficiles sur plus de 10-15m.
  • Déambulateur/rollator : stable, équipé de freins et parfois d’un siège, il rassure et donne plus d’autonomie à l’intérieur comme à l’extérieur.
  • Canne : légère, pratique pour les marches courtes ou dans les premiers jours post-opératoires.

Il ne faut pas hésiter à demander conseil à un ergothérapeute pour choisir l’aide technique la plus adaptée.

Salle de bain et WC : adapter les pièces à risque

Repenser la salle d’eau pour la sécurité

Selon Santé Publique France, 46% des chutes graves surviennent dans la salle de bain, souvent à cause d’un sol glissant ou d’un manque de barres d’appui. Après un cancer, la fatigue et les troubles de l’équilibre accentuent ces risques.

  • Barres de maintien (appui mural) : à installer près de la douche, de la baignoire et des toilettes.
  • Siège de douche ou chaise garde-robe : réduit la fatigue pendant la toilette et évite les chutes.
  • Tapis antidérapants : ils sécurisent les zones humides.
  • Rehausse WC : facilite l’assise et le lever, en particulier en cas de douleurs ou de faiblesse des jambes.

Les aides pour les soins et le confort : perfusion, oxygène, nutrition

Soins techniques à domicile : ce qu’il est possible de faire

Dans certains cas (après un cancer du système digestif, par exemple), il est nécessaire de poursuivre une nutrition artificielle (nutrition entérale ou parentérale) à domicile. La pose et le suivi de perfusions (hydratation, antibiotiques), voire d’oxygénothérapie en cas de difficultés respiratoires, deviennent alors des gestes du quotidien. Le matériel (pompe, trépied, sac à dos pour la mobilité) est généralement fourni et révisé par des sociétés spécialisées (Fédération nationale des établissements d'HAD).

  • Pompe de perfusion : pour injections continues, programmable, avec alarmes pour sécuriser l’utilisation.
  • Bouteille ou concentrateur d’oxygène : pour des patients en insuffisance respiratoire ou après certains traitements thoraciques (rayons, chirurgie…)
  • Pump bag ou armoire à pharmacie sécurisée : pour ranger les médicaments sensibles, loin des enfants.

La coordination avec l’équipe de soins permet une installation optimale et un suivi régulier ; selon l’Assurance Maladie, 60 000 patients sont actuellement pris en charge en HAD (hospitalisation à domicile) chaque année en France, dont une grande partie pour des soins après cancer.

Les aides pour la toilette, l’hygiène et la vie courante

Lorsqu’on sort d’un établissement de soins, certains gestes du quotidien restent difficiles. Des aides simples mais efficaces peuvent transformer le quotidien :

  • Planche ou chaise de bain : facilite les transferts dans la baignoire.
  • Barre d’appui amovible ou ventouse : solution temporaire pour tester un aménagement sans perçage.
  • Tabouret de douche réglable : utile pour la fatigue ou si la station debout prolongée est pénible.
  • Attrape-objet, chausse-pied long manche, enfile-bas : petits accessoires pour s’habiller seul, éviter les positions inconfortables après chirurgie mammaire, abdomino-pelvienne ou thoracique.

Adapter la cuisine et le salon : des astuces moins connues

On pense moins souvent à ces pièces, pourtant une organisation adaptée fait gagner en autonomie. Quelques idées :

  • Rangement à portée de main : placer eau, médicaments, ustensiles au niveau du plan de travail, éviter les escabeaux.
  • Éclairage renforcé : pour compenser une vision altérée par certains traitements (notamment certains chimiothérapies, source : Inserm).
  • Siège confortable avec accoudoirs pour les repas ou les moments de repos, facilitant le lever.

Qui prescrit et qui finance les équipements médicaux ?

La majorité des équipements médicaux sont prescrits (sur ordonnance) par le médecin hospitalier, parfois le médecin généraliste ou le spécialiste d’un service d’HAD. En France, le remboursement varie de 60 à 100% selon les dispositifs médicaux et la complémentaire santé (ameli.fr).

  • Lit médicalisé, fauteuil roulant, déambulateur : remboursés en partie ou intégralement par l’Assurance Maladie sur prescription.
  • Barres d’appui, chaises de toilette : parfois à la charge de la famille, mais il existe des aides, notamment via la ANAH ou l’CARSAT pour l’adaptation des logements.
  • Sociétés prestataires : assurent livraison, installation, maintenance et formation à l’utilisation du matériel. Ne pas hésiter à les solliciter pour des démonstrations pratiques.

L’importance d’un accompagnement humain et professionnel

Un aménagement réussi, c’est aussi l’intervention de professionnels : ergothérapeutes, infirmiers coordinateurs, équipes d’HAD. L’ergothérapeute peut réaliser une évaluation à domicile, pour proposer des aménagements sur-mesure et recommander le matériel le plus adapté, tout en respectant le budget et les habitudes de vie de chacun.

  • Bon à savoir : certaines aides techniques (comme la téléassistance ou les alarmes de chute) sont rarement proposées d’emblée mais, selon la Fondation ARC, elles réduisent de 20% le risque d’hospitalisation non programmée lors du retour à domicile après cancer.

Rendre son chez-soi plus doux après un cancer : conseils pratiques pour un environnement vraiment confortable

Le choix des équipements médicaux n’est jamais anodin. Il doit être réévalué régulièrement au fil du rétablissement, certaines aides étant transitoires, d’autres proposées sur le long terme. Un dialogue ouvert avec le patient, ses proches, l’équipe soignante et les prestataires est la clé pour trouver le juste équilibre entre sécurité, autonomie et bien-être. Adapter son domicile, c’est aussi retrouver une part de normalité, préserver sa dignité, se donner les moyens de savourer les petits bonheurs du quotidien, même sur un chemin de convalescence.

Pour toute question ou besoin d’accompagnement, les associations de patients et les réseaux territoriaux d’oncologie sont aussi de précieux relais : ils orientent vers les professionnels de confiance, informent sur les droits et sur les dispositifs d’aide au financement, et permettent de partager l’expérience d’autres familles dans la même situation.